Vous plaisantez ? Roch Hachana à Moscou, c’est ma rou’haniout pour l’année. Je me joins à la communauté « Dor Revii » de Rav Gediah Shestak et sa rabbanit qui sont littéralement un Papa et une Maman pour tous ceux qui passent le pas de la porte. Là-bas, au mizra’h sur la gauche, prient Sacha Meshibovsky et Eliyahou HaTsadik. Qui est Sacha ? D’abord, il a grandi froum sous le régime soviétique. Aujourd’hui, il est titulaire d’un doctorat en chimie et il élabore des lubrifiants pour hélicoptères, sous-marins et autres engins similaires. Mais ce n’est pas la richesse qui définit Sacha, il passe une bonne partie de son temps au Beth Hamidrach. Et qui est Eliyahou Hatsadik ? Et bien, c’est un ancien membre de la mafia de Moscou. (Serrez-lui la main et vous pourrez personnellement le confirmer). Eliyahou a beaucoup de difficultés à lire l’hébreu, il arrive donc une heure avant le début de l’office tous les Chabbat afin de commencer à prier et prendre de l’avance. Eliyahou est marié et a un enfant – il fait preuve d’une douceur incroyable avec sa femme comme avec son fils. Et c’est une fontaine de Divrei Torah.

 

Enfin, qu’est-ce que je fais là-bas ? Et bien, tout d’abord, j’officie pour chaque tefilaMaariv, Psoukei DeZimra, Cha’harit, Moussaf… vous avez compris. Entre les tefilot, je donne des cours de 90 minutes, je bénis les gens (oui, j’ai le titre honorifique d’homme saint pendant deux jours – autre raison pour laquelle je m’y rends), je donne des conseils… Mais je ne dis pas vraiment la vérité. Car je donne mes chiourim en hébreu et ils sont traduits en russe. Je ne donne donc que 45 minutes de cours.

On m’a récemment demandé : « Mais tu n’as pas une belle voix ? » C’est incontestablement vrai ! Mais vous savez quoi, ce n’est pas ce que ces Juifs de Moscou recherchent (ou pour être plus exact, ils ne sont pas capables de faire la différence). Ils ne cherchent pas de la ‘hazanout. Ils sont en quête de reguech. Ils veulent une tefila !!! Ils ont faim ces Juifs. Et je reste perplexe quand à l’origine de leur quête. Réfléchissez simplement au nom de cette communauté – Dor Revii – la quatrième génération. Vous savez ce que cela veut dire d’être la quatrième génération sans Torah (70 ans de communisme et encore 20 ans après ça !). Cela signifie que vous ne vous souvenez pas avoir vu votre grand mère allumer les nerot. Vous n’avez où puiser si ce n’est votre propre nechama. Et pourtant, ces Juifs retrouvent le chemin. Pourquoi ne voudrais-je pas être avec eux à Roch Hachana ?

 

Aujourd’hui, je vois cette communauté renaître de ses cendres. Touro a accepté de donner un diplôme en informatique afin de créer un programme mi-temps kodech et mi-temps ‘hol. Environ 25 jeunes étudiants s’y inscrivent chaque année. Quelques 18 d’entre eux deviennent froum chaque année. Pas mal en terme de retour sur l’investissement ! Avec le temps, d’autres personnes – d’âges variés – se sont aussi rattachées à la communauté, parmi eux certaines personnes richissimes qui sont aujourd’hui les principaux fondateurs de la communauté. Oui, là réside un autre secret de l’ex-Union soviétique – à l’heure actuelle, environ 70% des projets sont financés localement. Des organisations telles que « Ner LeElef » ont vu leurs parts de financement total s’amenuiser au fil des années.

 

Et il y a un autre secret – et le dernier pour cet article : cette communauté Dor Revii célèbre sept ou huit mariages froum chaque année. Il existe tout un système de chiddou’him dans l’ex-Union soviétique aujourd’hui, auquel Ner LeElef apporte son soutien, qui met en relation des garçons et des filles originaires de différentes villes. Plus de 20 communautés de l’ex-Union soviétique ont leur noyau de Juifs chomrei chabbat. Il y a dix ans, ce n’était pas le cas. La révolution communiste fut brève, mais la révolution juive ne passera pas si rapidement !!!

 

Ketiva Ve’Hatima Tova !

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