Moché nous est présenté comme un bébé, flottant sur le Nil dans un berceau de roseau. Sa mère l’y avait déposé sous l’œil attentif de sa sœur aînée Myriam, dans une tentative désespérée de sauver sa vie. Malgré ces débuts tumultueux, Moché jouit d’une enfance relativement tranquille, dans un milieu privilégié.

Alors qu’elle se baignait dans le Nil, la fille de Pharaon trouva le nouveau-né hébreu. Elle l’adopta et l’éleva dans le palais royal. Dans son enfance, Moché jouit de tout le confort matériel imaginable. Il savait néanmoins qu’il n’était pas égyptien, et resta allié à son peuple et à son héritage.

Le premier acte de Moché rapporté par la Torah révèle déjà ce sentiment d’appartenance. Bien que gâté et choyé en tant que petit-fils adoptif de Pharaon, Moché éprouvait une grande compassion envers ses frères éprouvés et aigris, et allait souvent « voir leurs souffrances » (Exode 2, 11). Un jour, il aperçut un tyran égyptien battre impitoyablement un esclave hébreu. Moché, au cœur compatissant et sensible, intervint et tua l’oppresseur.

À travers ce seul incident, le jeune Moché dévoila un certain nombre de traits de caractère qui définiront sa vie future en tant que leader.

  1. Tout d’abord, en quittant délibérément le luxueux palais pour passer du temps avec ses frères oppressés, Moché fit preuve d’humilité. Malgré son statut privilégié, il ne se sentait pas mieux que les autres et chercha à les aider par tous les moyens. Pouvoir et privilèges peuvent mener à l’arrogance, mais Moché mit son ego de côté lorsqu’il quitta le palais.

  1. Deuxièmement, il choisit de s’identifier à son peuple et de compatir à sa souffrance alors qu’il n’était nullement obligé de le faire. Il eut la chance d’échapper aux rigueurs de l’esclavage dès le plus jeune âge, et n’avait aucune raison logique de rester en contact avec ses coreligionnaires. Il avait plutôt toutes les raisons de garder ses distances, de crainte que de telles relations compromettent la position sociale privilégiée qui était la sienne. Mais cela n’empêcha pas ce jeune dirigeant de prendre ses responsabilités et d’intervenir.

La tradition juive enseigne : « là où il n’y a pas d’hommes, efforce-toi d’être un homme » (Avot 2, 6). Ce précepte nous enjoint à nous porter volontaire lorsque cela est nécessaire, même lorsque nous n’avons pas les talents et compétences idéales pour la tâche à accomplir. Moché était loin d’être parfait. Il était inexpérimenté et avait un défaut d’élocution. Toutefois, lorsqu’il vit quelque chose qui devait être fait, une tâche que personne d’autre ne pouvait accomplir, il n’hésita pas à agir.

  1. Troisièmement, en tuant l’égyptien, Moché plaça totalement les besoins d’autrui avant les siens. Moché avait d’emblée pleinement conscience des conséquences de ses actes – l’exécution officielle. Il aurait tout à fait pu détourner le regard. Non seulement la victime lui était complètement inconnue, mais de tels abus avaient déjà eu lieu souvent sans qu’aucune opposition ait été manifestée. Son action allait-elle vraiment faire une différence ?

Moché devait aussi se soucier de son propre avenir.

Pourquoi le sang de cet homme serait-il plus rouge que le sien ?

Du reste, que dirait-on si le seul Hébreu à l’égard duquel les Égyptiens ont manifesté publiquement leur clémence (en l’élevant dans le palais de Pharaon) se soulevait et tuait l’un des maîtres royaux ?! Moché ne permit à aucune de ces justifications de l’empêcher de faire ce qu’il pensait être juste.

Rabbi Naphtali Hoff est le président de « Impactful Coaching & Consulting » (www.ImpactfulCoaching.com). Il est joignable sur info@impactfulcoaching.com.

 

 

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